J’ai découvert en librairie une collection de livres de poche Folio de bibliographies de grands hommes (pas trouvé de femmes).
C’est un peu pénible cette expression où les femmes sont exclues de la grande renommée et des qualités qui sont supposées aller avec.
Bref, j’ai pris pour un premier essai Goethe et Nietzsche. J’ai pensé que ce type d’édition devant être accessible à tous me conviendrait parfaitement pour avoir au moins une idée de Goethe, car cet auteur ayant été édité 1500 fois pour des œuvres de littérature, scientifique, etc., je ne me voyais pas le découvrir en me plongeant dans « Le traité des couleurs » ni dans « Les souffrances du jeune Werther », ayant déjà donné pour le romantisme avec « Atala et René » de Chateaubriand. Je n’ai pas été déçue.
J’ai découvert quelques fragments de poésie tout à fait remarquables, même s’il faut imaginer qu’en allemand, ils doivent être exceptionnels, car les traductions en poésie n’offrent, hélas, qu’une bien pâle illustration de la beauté des textes sur le plan auditif, même si les traductions sont parfois faites par de grands écrivains. J’ai retenu pour mon journal, un poème envoyé à Charlotte von Stein, qu’il aima pendant plus de vingt ans d’un amour platonique (elle était mariée et n’a pas succombé, ce qui lui a valu toute une collection de lettres d’amour inoubliables) et un poème inspiré par sa découverte de l’Italie.
POËME À CHARLOTTE
Tu connaissais chaque mouvement de mon être,
Tu considérais chaque tressaillement de mes nerfs les plus subtils,
Tu lisais en moi d’un seul regard,
Moi que les yeux mortels déchiffrent si difficilement,
Tu versais l’apaisement dans mon sang ardent,
Tu dirigeais ma course sauvage et vagabonde.
Mon cœur déchiré
Trouvait le repos dans tes bras angéliques ;
Tu le gardais, enchainé de liens magiques et légers,
Tu berçais d’enchantements chacun de mes jours.
Quel bonheur serait comparable à chacun de ces ravissements,
Où plein de reconnaissance, j’étais couché à tes pieds.
Mon cœur se sentait grandir près de ton cœur,
Ton regard lui versait la bonté,
Et tandis que mes sens s’éclaircissaient,
Mon sang bouillonnant s’apaisait.
HYMNE À L'ITALIE
Connais-tu le pays où fleurit le citronnier ?
Le pays des fruits d’or et des roses vermeilles
Où la brise est plus douce et l’oiseau plus léger ?
Où dans toute saison butinent les abeilles.
Où rayonne et sourit comme un bienfait de Dieu,
Un éternel printemps sous un ciel bleu !
Hélas que ne puis-je te suivre
Vers ce rivage heureux d’où le sort m’exila !
C’est là ! C’est là !que je voudrais vivre,
Aimer, aimer et mourir !
Connais-tu la maison où l’on m’attend là-bas ?
La salle des lambris d’or, où des hommes de marbre
M’appellent dans la nuit en me tendant les bras.
Et la cour où l’on danse à l’ombre d’un grand arbre ?
Et le lac transparent ou glissent sur les eaux
Mille bateaux légers pareils à des oiseaux !
Hélas ! Que ne puis-je te suivre
Vers ce pays lointain d’où le sort m’exila
C’est là ! C’est là que je voudrais vivre
Aimer, aimer et mourir !
La vie de l’homme m’a plutôt déçue. On s’attend à ce que ces grands hommes soient à la hauteur de la qualité des textes et des réalisations personnelles qui ont marqué leur vie (fonction de Premier Ministre du Prince Carl August de Weimar, Ministre de ce que nous appelons aujourd’hui la Culture). Mais je rejoins l’opinion de Chateaubriand qui a résumé en quelques mots pertinents ce qu’il pensait de Goethe en ces termes : « j’ai de l’admiration pour Goethe mais je ne l’aime pas ». En effet, à la lecture de sa bibliographie, on ne sent pas chez Goethe de grandes convictions, celles qui peuvent mettre un auteur au-dessus du commun des mortels par le regard qu’il porte sur la société dans lequel il vit ou sur l’humanité en général, comme on peut le découvrir dans les mémoires de Chateaubriand.
On a plutôt le sentiment qu’il fut un grand bourgeois au service d’un prince sans réelle vision et ambition pour le monde dans lequel il vivait. Il semble avoir été particulièrement centré sur son succès et son narcissisme allant d’histoires d’amour en histoires d’amour, il voulait épouser, à 75 ans, une jeune fille de 17 ans dont il était amoureux.
La jeune fille, malgré une mère qui essayait de la convaincre, refusa, malgré la fascination qu’elle avait pour l’auteur. L’histoire ne dit pas l’impact que cet amour a eu pour la jeune fille mais elle ne se maria pas et finira sa vie à plus de 80 ans chanoinesse.
Intéressant ton avis sur Goethe et sa profondeur