Extraits de journal 2010- 2019 : « Un regard singulier ».
A la fin de sa vie, Freud a écrit ce petit livre en 1930. Il introduit son texte en disant :
« qu’il l’écrit parce qu’il n’avait rien d’autre à faire ». Il laisse, alors, aller son esprit, sur une des aspirations principale des hommes dans la vie, la recherche du bonheur.
J’ai retenu plusieurs passages de ce livre que je trouve intéressants, bien que, comme Freud le dit lui-même, « Pendant ce travail j’ai découvert les vérités les plus banales ».
Mais pour ma part, je pense, que beaucoup de ces vérités que je qualifierai d’évidences, ne le deviennent qu’une fois qu’elles sont énoncées. Elles permettent alors, de mieux comprendre, non seulement les comportements humains, mais aussi, à certaines personnes de prendre conscience de ce qui anime leur inconscient et leurs attitudes dans la vie, et ceci, en vue de se réconforter, ou alors, peut-être, pour les plus audacieux, d’évoluer. J’ai donc sélectionné quelques passages, qui ont, pour moi, du sens et parfois fait le lien entre eux par quelques mots pour faciliter la compréhension du lecteur.
Sur la recherche du bonheur, j’expose les différentes méthodes que Freud a décrites, celles, qui animent les comportements humains « dans cette quête de l’impossible, qui trouve quand même quelques réponses et où chacun pourra y trouver ce qui lui correspond ».
La première méthode est bien entendu la religion : « Quant aux sentiments religieux, il semble irréfutable qu’ils découlent de la détresse infantile et de la nostalgie du père qu’elle a fait naître. Je ne saurais nommer un besoin infantile plus fort que celui de la protection du père. J’ai beaucoup parlé des sources les plus profondes du sentiment religieux, de ce que l’homme ordinaire entend par la religion, le système de croyances et de promesses qui, d’un côté lui résout les énigmes de ce monde, et de l’autre lui assure qu’une providence veillera sur sa vie».
« Le commun des mortels ne peut se représenter cette providence que sous la forme d’un père magnifié. Seul un père transcendant peut connaître les besoins des faibles humains, et être attendri par leurs prières, apaisé par leurs marques de repentir. Tout cela est si clairement infantile et si peu réaliste qu’il est désolant de penser qu’une majorité des mortels ne pourra jamais dépasser cette conception de la vie. »
« Les autres méthodes utilisées par l’homme dans la quête du bonheur pour écarter les souffrances de sa condition cherchent à dominer les sources internes de frustration par la répression des pulsions ».
« Une de ces techniques, comme l’enseignent la sagesse orientale et la pratique du yoga, permet d’obtenir le bonheur par le calme. On obtient ainsi une certaine protection par le calme ».
« Une deuxième technique de défense contre la souffrance se sert des déplacements de la libido. Elle consiste à déplacer les buts des pulsions. La sublimation des pulsions atteint sa plus grande efficacité quand on sait augmenter suffisamment le plaisir tiré du travail intellectuel et psychique. Cette forme de satisfaction, comme la joie de l’artiste à créer, à donner corps au produit de son imagination, celle du savant à résoudre des problèmes et à saisir la vérité, possède une qualité particulière dont nous pourrions donner un jour une description métapsychologique. La faiblesse de cette méthode tient à ce qu’elle n’est accessible qu’à un petit nombre ».
« La troisième méthode pour se soustraire au principe de réalité et de la souffrance est l’imaginaire bien sûr. « Celui qui est sensible à l’influence de l’art ne pourra jamais assez vanter cette source de réconfort et de délices ».
« Une autre méthode pour se soustraire au principe de réalité consiste à tenir la réalité pour le seul ennemi et la source de tous les maux, avec laquelle on doit rompre toute relation, l’ermite tourne le dos au monde. »
« Mais il y a aussi celui qui veut remodeler et construire un autre monde où les caractéristiques les plus insupportables seront effacées et remplacées par d’autres conformes à ses désirs ».
« On prétend que chacun d’entre nous se comporte comme le paranoïaque en remédiant à une construction idéale, à un aspect du monde qu’il ne peut supporter et en inscrivant cette illusion dans la réalité. Une importance particulière est à donner au cas où un grand nombre d’hommes tentent de s’assurer le bonheur ensemble et de se protéger contre le malheur par un remaniement paranoïde de la réalité ».
(Je ne peux m’empêcher, de citer pour ce cas-là, les idéologies politiques des extrêmes, pour lesquelles on reste fasciné par leurs capacités à embarquer des populations entières dans une croyance hallucinante qui les conduit directement au pire des malheurs et ce n’est qu’alors, que, le principe de réalité, les frappera dans son aspect le plus cruel. Après, le nazisme et le communisme on peut aussi ajouter dans une moindre mesure bien sûr, ce qui se passe en France aujourd’hui, où, après les illusions mitterrandiennes , les Français sont replongés dans celles du Hollandisme et payent le prix fort en terme de ralentissement économique et de chômage : les plus pauvres d’entre eux bien-sûr.)
«Autre méthode, celle qui met l’amour au centre et compte tirer toutes ses satisfactions de l’état d’aimer et d’être aimé. Le point faible de cette méthode est que nous ne sommes jamais moins protégés contre la douleur que lorsque nous aimons, ni aussi malheureux et désarmés qu’après avoir perdu l’objet aimé ou son amour. »
« On peut ajouter aussi le bonheur par la beauté (nature, artistique et même scientifique). L’utilité de la beauté n’est pas évidente, sa nécessité dans la civilisation n’est pas claire et pourtant celle-ci ne saurait s’en passer face à toutes ces méthodes choisies par l’homme ».
La constitution psychique de l’individu sera décisive. L’être avant tout porté vers l’érotisme privilégiera les rapports affectifs avec d’autres personnes. Le narcissique plus autarcique cherchera ses satisfactions majeures dans ses processus psychiques. La sagesse conseille de ne pas attendre toutes ses satisfactions d’une seule tendance. Le succès n’est jamais sûr. »
La dernière méthode à ne pas conseiller reste la fuite dans la maladie névrotique ou l’intoxication chronique.
Bonheur et société :
« Les trois causes du malheur humain dépendent des forces de la nature, de la fragilité de notre propre corps et de l’insuffisance des institutions qui régissent les rapports entre les hommes dans la famille, l’état et la société ».
« Pour les deux premières, notre expérience séculaire nous a convaincus que si nous ne pouvons éliminer toutes les souffrances, nous sommes pourtant à même d’en supprimer beaucoup et d’en apaiser d’autres. Nous n’avons pas appris jusqu’ici grand-chose qui ne soit généralement connu ».
« Pour ce qui est de la souffrance sociale, notre attitude est bien différente. Celle-là, nous ne voulons pas du tout l’accepter, ni comprendre pourquoi les institutions que nous avons-nous-mêmes créées ne nous apportent pas à tous plus de protection et de bienfaits. Et ce serait notre prétendue civilisation qui serait largement responsable de notre misère, nous serions beaucoup plus heureux si nous y renoncions pour revenir à l’état primitif. Alors que tous les moyens dont nous usons pour tenter de nous protéger contre les diverses menaces de souffrances font justement partie de notre civilisation ».
« Comment autant d’hommes en sont-ils arrivés à devenir si étrangement hostiles à la civilisation ? (voir explication page 79 sur l’incapacité de l’homme à reconnaître les avantages des progrès qu’ont apportés les découvertes techniques pour la vie au quotidien) ».
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