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PLETOURN

PROUST ET MOI : A LA DECOUVERTE DE L'INTROSPECTION

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Annie Prost - 2011



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Marcel Proust (1871 -1922)

France Télévisions a produit A la recherche du temps perdu, réalisation de Nina Companeez. L’occasion de parler d’un auteur qui m’a ouvert la voie de l’introspection, celle de la recherche et de la compréhension des émotions vécues dans mon passé qui furent essentielles à mon évolution personnelle.



J’ai 20 ans, je suis surveillante au lycée des Eaux Claires (pionne), je vais à la faculté de Grenoble, je lis Du côté de chez Swan. J’ai une affiche dans ma chambre qui représente le portrait de Marcel Proust souligné d’une citation de l’auteur, « Tout est signe et tout signe est message ». Je ne sais pas comment j’ai fait cette rencontre, j’ai juste pensé depuis cette époque que la proximité de nos deux noms avait joué un rôle dans mon processus de recherche de « re-pères » d’identité, et que cela m’avait orientée vers cette lecture. Je crois avoir relu plus de dix fois le premier chapitre et le passage où le petit Marcel attend le départ de Swan, le tintement du grelot de la cloche de la porte du jardin et le baiser quotidien de sa mère avant de pouvoir s’endormir. Mais j’ai surtout relu le passage où, ce soir-là, n’ayant pu obtenir un baiser de sa mère avant de monter se coucher, le petit Marcel, en proie à une douleur insurmontable, restera éveillé jusqu’au moment où sa mère ira se coucher. Il s’élancera alors vers elle dans l’escalier, désespéré, malgré le risque d’une punition qu’il imagine terrible de la part de son père. L’absence du baiser quotidien au coucher et le manque ressenti étaient devenus à ce point insupportables, qu’ils donneront au petit Marcel le courage d’affronter les foudres paternelles. Sa mère, bouleversée par son état, sur la suggestion du père, passera la nuit dans la chambre de l’enfant pour le calmer.


Tout enfant orphelin qui a connu le baiser d’amour de sa mère et qui l’a perdu, quand il lit, adulte, ce passage, ne peut s’en détacher. Il lit ce qu’il a ressenti le jour terrible où ce baiser n’a plus existé, et chaque jour de son enfance, il revivra ainsi les affres de l’attente d’un baiser qui ne viendra plus et qu’il croit encore possible par magie, dans son imagination d’enfant.


La lecture du Côté de chez Swan fut pour moi une révélation. Elle fut certes difficile, car à 20 ans, l’effort de concentration était nécessaire pour poursuivre la lecture d’un texte reconnu comme ardu. A cet âge-là, je n’ai lu que cette première partie du chef-d’œuvre, et Proust est resté depuis lors, dans mon esprit, un auteur fascinant qui m’avait éclairée sur mon désir de rechercher et de comprendre mes émotions enfouies du passé.



Annie Prost - 2011



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